Lancée l ’an dernier, l’initiative s’est généralisée à la rentrée de septembre. Hier, on est allé lire avec des 6 e du collège Maurice-Clavel.
« On vous invite à prendre votre livre pour "Silence, on lit". » Il est 15 h 50, hier, au collège Maurice-Clavel. La sonnerie et le message retentissent dans tout l’établissement. Dans la classe de 6 e de la professeure de français Aurélie Robert, à l’initiative du dispositif, les élèves sortent leur livre et s’installent. Assis contre le mur, allongés par terre, sous une table. Chacun est libre de ses mouvements, et de ses lectures.

Bandes dessinées — les classiques fonctionnent toujours : Asterix et Obélix, Boule et Bill, Les Simpson —, mangas, avec One Piece en tête, romans, dont Harry Potter assurément, mais aussi des pièces de théâtre ou des contes.

« Les élèves aiment lire. Il faut juste leur donner du temps et faire en sorte que ça n’apparaisse pas comme une corvée » AURÉLIE ROBERT (professeure de français).

« Les élèves aiment lire, assure l’enseignante. Il faut juste leur donner du temps et faire en sorte que ça n’apparaisse pas comme une corvée. Ici, c’est un temps de lecture libre. Ils choisissent leurs livres. Et peu à peu, ils viennent à d’autres lectures. ».

L’idée est venue d’une discussion avec une amie qui expérimentait un temps de lecture dans un établissement scolaire d’Aix-en-Provence. La professeure propose alors le concept à son établissement. Testé une fois par semaine l’an dernier, il a été généralisé à la rentrée de septembre. « Tout le monde a suivi quand ça a été lancé. Et ça fonctionne très bien », se réjouit Aurélie Robert. Tous les jours, à la même heure, sauf le mercredi puisqu’il n’y a pas cours l’après-midi, le collège fait une pause. « Les journées des élèves sont longues. Ça leur permet d’avoir un temps calme. Ils sont moins agités quand ils sortent de cours ensuite. »

« On s’arrête et on lit notre livre. C’est vraiment un moment pour soi. Et je trouve que toute la classe est silencieuse. C’est comme un moment de paix », confirme Gabriella. Qui remarque aussi : « C’est amusant de penser que tout le collège s’arrête en même temps et que tout le monde lit. »

Pour Maxime, c’est « un moment de détente ». Ça donne aussi envie de lire en dehors du collège. N’ayant pas le temps de finir son livre en classe, il reprend la lecture une fois rentré chez lui. « Parfois, on commence un livre chez nous, mais on l’oublie, donc au collège, on en commence un autre, qu’on veut terminer une fois à la maison », témoigne aussi Prune.

« Pourquoi pas le mercredi, aussi ? »
« C’est "Silence, on lit" qui m’a donné envie de lire. Avant, je ne lisais pas trop, explique un autre élève. Pendant les vacances, j’ai envie de continuer les livres que j’ai commencés au collège. »

C’est aussi l’occasion d’échanger sur ses lectures, de donner envie à d’autres de dévorer tel ou tel livre. « On a un temps d’échange, de temps en temps, pour présenter des livres à la classe », présente une collégienne. Un « Quoi de neuf » littéraire proposé en cours de français.

« Pendant la semaine, pour ceux qui prennent le bus, ça fait rentrer tard. Après, le temps de la douche, du repas et des devoirs, on n’a pas beaucoup de temps pour lire », constate un collégien. Les dix minutes de lecture au collège ne sont donc pas de trop. La classe en redemande, même. « On pourrait le faire aussi le mercredi, la dernière heure ? », interroge un élève. La proposition est lancée.

Mélanie Marois, l’Yonne Républicaine du 29/11/2017